Écologie
Éléments de basculement possibles dans le système climatique.(source:Wikipedia)
Transition numérique et transition écologique représentent deux problématiques qui sont liées. Il est temps d'agir avant qu'il ne soit trop tard, si nous ne changeons pas nos « modèles », très rapidement (à peine quelques décennies), la terre ne sera plus habitable par les mammifères (dont nous faisons partie, bien évidemment...). Dans un contexte, où l'air des villes est toxique (certes ce n'est pas nouveau à l'échelle du capitalocène) et les forêts brûlent [1], ... les architectes ont-ils encore un rôle à jouer dans cette histoire ?
Un avant-goût du choc climatique
- Le Monde diplomatique, N°794, mai 2020
- par Philippe Descamps et Thierry Lebel
Extraits :
Signe avant-coureur de possibles effondrements plus graves, le naufrage sanitaire actuel peut se voir à la fois comme un modèle réduit et une expérience en accéléré du chaos climatique qui vient. Avant de devenir une affaire de santé, la multiplication des virus pathogènes renvoie aussi à une question écologique : l'emprise des activités humaines sur la nature. L'exploitation sans fin de nouvelles terres bouleverse l'équilibre du monde sauvage, tandis que la concentration animale dans les élevages favorise les épidémies.
Philippe Sansonetti (Collège de France)
Semblablement, en matière climatique, effets retards et rétroactions positives — effets retours qui amplifient la cause de départ — creusent notre dette environnementale, à la manière d'un emprunteur impécunieux dont les nouveaux emprunts pour rembourser une dette ancienne seraient contractés à un taux toujours plus élevé. La baisse du couvert neigeux et la fonte des glaciers se traduisent ainsi par la disparition de surfaces réfléchissant naturellement le rayonnement solaire, créant les conditions d'une accélération des hausses de température dans les régions concernées, d'où une fonte encore renforcée alimentant d'elle-même le réchauffement. De même la fonte du pergélisol arctique — qui couvre une superficie deux fois plus grande que celle de l'Europe — pourrait entraîner des émissions massives de méthane, un puissant GES [Gas à Effet de Serre] qui intensifierait le réchauffement planétaire.
À l'inverse, l'inaction en matière climatique nous fera sortir des mécanismes de régulation systémiques, conduisant à des dégâts majeurs et irréversibles. On peut s'attendre à une série de chocs variés, de plus en plus forts et de plus en plus rapprochés : canicules, sécheresses, inondations, cyclones, maladies émergentes. La gestion de chacun de ces chocs s'apparentera à celle d'une crise sanitaire du type Covid-19, mais leur répétition nous fera entrer dans un univers où les répits deviendront insuffisants pour rebondir. De vastes régions abritant une grande partie de la population mondiale deviendront invivables ou n'existeront tout simplement plus, car elles seront envahies par la montée des eaux. C'est tout l'édifice de nos sociétés qui est menacé d'effondrement.
Bien davantage encore que le Covid-19, le défi climatique conduit à remettre en cause notre système socio-économique. Comment rendre acceptable une évolution aussi radicale, un changement à la fois social et individuel ? Tout d'abord en ne confondant pas la récession actuelle — et délétère — avec la décroissance bénéfique de nos productions insoutenables : moins de produits exotiques, de passoires énergétiques, de camions, de voitures, d'assurances ; plus de trains, de vélos, de paysans, d'infirmières, de chercheurs, de poètes, etc. Les conséquences concrètes de cette dernière ne deviendront acceptables par le plus grand nombre qu'en plaçant la justice sociale au rang des priorités et en favorisant l'autonomie des collectifs à tous les niveaux.
[1]: How fires have spread to previously untouched parts of the world